Gmail met fin au POP et à Gmailify : pourquoi j’ai dû chercher une alternative après 15 ans d’utilisation

Il y a quelques jours, Google a annoncé une évolution majeure qui va impacter des millions d’utilisateurs : la fin du support POP et Gmailify à partir de janvier 2026. À première vue, cela ne semble concerner qu’une poignée d’utilisateurs avancés. Mais en réalité, c’est un changement structurel qui touche tous ceux, comme moi, qui utilisaient Gmail pour centraliser plusieurs boîtes mail.

Je gère plusieurs sites, domaines et projets, chacun avec ses adresses e-mail. Depuis plus de quinze ans, j’utilise Gmail comme un webmail universel : une seule interface, fluide et fiable, pour recevoir, filtrer, répondre et archiver mes messages. Tout transitait via le POP3 et SMTP, sans jamais confier mes MX à Google. En clair, j’étais libre, mais je profitais du confort de Gmail.

Cette époque touche à sa fin. Et pour ceux qui, comme moi, ont leur propre serveur mail ou utilisent des solutions auto-hébergées comme Mail-in-a-Box, il faut se préparer à un vrai changement.

Ce que Google supprime exactement

À partir de janvier 2026, Gmail ne permettra plus de connecter des comptes externes via POP, ni d’utiliser Gmailify. Et même si l’accès IMAP reste possible, il sera désormais limité à l’application mobile Gmail.

Concrètement, voici ce qui disparaît :

  • Gmailify : cette fonctionnalité permettait de lier des comptes externes (Yahoo, Outlook, etc.) à Gmail, pour profiter des filtres, libellés, classements automatiques et surtout de la fameuse protection anti-spam de Google. En un clic, vos e-mails externes bénéficiaient de la même qualité de tri que ceux d’un compte Gmail natif.
  • Récupération POP : Gmail pouvait aller chercher les messages de n’importe quelle boîte externe en utilisant le protocole POP3. Cette fonction permettait de regrouper toutes ses adresses, personnelles et professionnelles, dans une seule interface. C’était pratique, fiable, et transparent.
  • Restriction IMAP : Google précise que la récupération des e-mails externes (qui se faisait jusqu’ici via POP) sera désormais possible uniquement via IMAP, mais seulement dans l’application mobile Gmail. En clair, la version web de Gmail ne pourra plus récupérer ni afficher les e-mails de comptes externes, même en IMAP. Seule l’app mobile conservera cette capacité limitée.

En résumé : Gmail ne sera plus ce “hub universel” capable de centraliser vos e-mails venant d’ailleurs. Si vous gérez plusieurs domaines, vous devrez soit migrer complètement vers Google Workspace, soit trouver un autre webmail.

📄 Source officielle : À propos des prochaines modifications apportées à Gmailify et à l’accès POP – Google Support

Pourquoi cette décision est importante

Au-delà du changement technique, cette évolution traduit une stratégie claire de Google : verrouiller son écosystème. En supprimant ces fonctions d’ouverture, la firme pousse indirectement les utilisateurs vers sa suite payante Google Workspace.

Workspace offre évidemment une meilleure intégration et un support complet, mais cela implique aussi une contrainte majeure : transférer ses enregistrements MX vers les serveurs de Google. Autrement dit, si vous voulez continuer à profiter pleinement de Gmail, vous devez abandonner votre serveur mail actuel et héberger vos e-mails directement chez eux.

Pour un particulier, ce n’est qu’un abonnement de plus. Mais pour un professionnel qui gère plusieurs domaines, ou pour quelqu’un qui préfère garder le contrôle de ses données, c’est un vrai problème. Cela signe la fin de la liberté de configuration que Gmail offrait jusqu’ici.

Mon cas concret : des dizaines d’adresses sur plusieurs domaines à gérer au quotidien

Dans mon cas, je gère plusieurs dizaines d’adresses e-mail réparties sur une multitude de domaines : sites e-commerce, marques, projets internes, boîtes techniques, et adresses de contact génériques. Toutes ces adresses sont hébergées sur mon propre serveur grâce à Mail-in-a-Box, une solution auto-hébergée simple et fiable.

Jusqu’à présent, Gmail jouait un rôle central dans cette organisation. Je l’utilisais comme une véritable tour de contrôle : il récupérait tous mes e-mails via le protocole POP, et je pouvais répondre depuis chaque adresse grâce au SMTP correspondant. En un coup d’œil, j’avais accès à l’ensemble de mes communications, sans avoir à jongler entre plusieurs webmails ou interfaces.

Ce système fonctionnait à merveille : les filtres de Gmail me permettaient de classer automatiquement les messages selon le domaine, la marque ou le type de contact ; les signatures étaient adaptées à chaque expéditeur ; et la recherche puissante me faisait gagner un temps précieux. Tout cela, sans jamais confier mes DNS ni mes enregistrements MX à Google.

Mais avec la suppression annoncée du POP et de Gmailify, cette architecture va devenir inutilisable. Gmail ne pourra plus récupérer mes messages externes, ni les synchroniser comme avant. En pratique, cela signifie qu’il faudra soit migrer vers Google Workspace en déplaçant mes MX vers leurs serveurs (ce que je refuse), soit adopter une alternative complète pour remplacer Gmail.

Autrement dit : pour ceux qui gèrent plusieurs domaines et adresses comme moi, cette mise à jour marque la fin d’un équilibre parfait entre liberté d’hébergement et confort d’utilisation. C’est un vrai tournant dans ma façon de gérer mes communications.

Mes besoins réels en matière de webmail

Avant de me précipiter sur une alternative, j’ai pris le temps de lister mes besoins réels. Et je me rends compte qu’ils sont assez précis :

  • Multi-adresses externes (POP3/IMAP/SMTP) : j’ai besoin de consulter plusieurs boîtes depuis une seule interface, sans devoir migrer mes DNS ni mes MX.
  • Interface moderne et fluide : Gmail a placé la barre haut. Je cherche une interface claire, rapide, utilisable aussi bien sur ordinateur que sur smartphone.
  • Filtres et automatisations : c’est une fonction essentielle pour moi. J’ai besoin de règles capables de trier automatiquement les mails, les marquer comme lus, les transférer ou leur ajouter des tags selon l’expéditeur ou le sujet.
  • Anti-spam efficace : c’est un point souvent négligé par les solutions auto-hébergées. Le filtrage de Gmail est redoutablement bon, et difficile à égaler.
  • Signatures automatiques selon l’adresse utilisée : un détail, mais indispensable quand on gère plusieurs marques ou projets.
  • Fonctionnalités modernes : planification d’envoi, “snooze” (mise en attente d’un e-mail), recherche avancée, annulation d’envoi, affichage en mode conversation… toutes ces petites fonctions changent le confort au quotidien.
  • Gestion collaborative : dans certains cas, je partage une boîte avec d’autres membres de mon équipe. Pouvoir gérer cela simplement est un vrai plus.

Avec cette liste, j’ai exploré plusieurs pistes, en commençant par les plus connues.

Les alternatives que j’ai testées

Voici les principales solutions que j’ai testées ces dernières semaines, avec leurs forces et leurs limites :

Fastmail : c’est clairement la solution qui se rapproche le plus de Gmail. L’interface est fluide, moderne, et extrêmement bien pensée. Le support client est rapide et humain, et la gestion d’équipe est d’une simplicité remarquable. L’importation depuis Gmail fonctionne sans effort, et surtout, Fastmail permet d’utiliser vos propres serveurs MX tout en restant compatible IMAP/SMTP. C’est, à ce jour, l’alternative la plus crédible pour un usage professionnel.

Proton Mail : une excellente solution si la sécurité est votre priorité. Chiffrement fort, hébergement en Suisse, et politique de confidentialité exemplaire. En revanche, la plateforme est plus rigide, moins compatible avec les protocoles externes (POP/SMTP), et les tarifs montent vite dès qu’on veut plusieurs adresses. Une solution premium, mais moins souple.

Zoho Mail : une option pro intéressante, notamment pour les entreprises. L’offre est complète, et les fonctions collaboratives sont solides. Cependant, l’interface manque de souplesse, et à ce jour, je n’ai pas trouvé d’option claire pour connecter des comptes externes via POP ou IMAP. Cela la rend moins adaptée à un usage comme le mien.

Roundcube / Rainloop / Snappymail : les incontournables de l’open source. Ce sont de bons outils pour les administrateurs qui veulent tout héberger eux-mêmes. Snappymail (successeur de Rainloop) est la plus moderne, mais l’expérience reste loin d’un Gmail ou d’un Fastmail en termes de rapidité, de design et d’ergonomie mobile. Cela fonctionne, mais ce n’est pas un plaisir d’usage quotidien.

Mail-in-a-Box (Roundcube intégré) : la solution que j’utilise actuellement. Parfaite pour un usage personnel, stable et simple à administrer. En revanche, Roundcube commence à dater sérieusement. L’UX mériterait une refonte complète, et certaines fonctions modernes (snooze, annulation d’envoi, tags dynamiques) manquent cruellement.

Mon choix : Fastmail, le juste équilibre

Après plusieurs essais, c’est finalement Fastmail qui s’impose comme le meilleur compromis entre liberté, performance et ergonomie. J’ai pu y importer tous mes anciens messages Gmail sans difficulté, configurer mes signatures personnalisées et gérer plusieurs domaines en toute simplicité. L’interface est fluide, la recherche ultra-rapide, et le support vraiment compétent.

Fastmail propose trois formules tarifaires « Business » (voir la grille officielle ici) : Basic, Standard et Professional. La principale différence entre ces plans réside dans la taille de l’espace de stockage, allant de 5 Go à 100 Go par utilisateur, ainsi que dans certaines fonctionnalités avancées comme les alias personnalisés ou la gestion de domaines multiples. Les tarifs restent raisonnables, surtout pour un usage professionnel.

Un autre point que j’apprécie particulièrement : la flexibilité dans la gestion d’équipe. Fastmail permet de mélanger différents types d’abonnements au sein d’un même compte. Autrement dit, chaque membre de l’équipe peut avoir un plan adapté à ses besoins réels. Une personne avec un volume d’e-mails important peut avoir un compte “Professional”, tandis qu’un collaborateur plus occasionnel peut se contenter du plan “Basic”.

Ce système est à la fois économique et intelligent. Il permet de construire une structure e-mail professionnelle sans surpayer pour des fonctionnalités inutiles. C’est typiquement le genre d’attention au détail qui montre que Fastmail pense à ses utilisateurs avant de penser à la facturation.

Certes, ce n’est pas auto-hébergé, mais pour un usage professionnel où la fiabilité et la productivité priment, c’est un choix logique. Fastmail n’a pas la puissance marketing de Google, mais il a gardé l’esprit du webmail : ouvert, efficace, et respectueux de ses utilisateurs.

La fin d’un confort invisible

Cette décision de Google marque la fin d’une époque. Pendant des années, Gmail offrait un parfait équilibre entre liberté et confort. On pouvait héberger ses mails où l’on voulait, tout en profitant d’une interface ultra-optimisée. Ce ne sera plus possible.

En poussant les utilisateurs vers Workspace, Google transforme Gmail en un service fermé, réservé à son propre écosystème. Ce n’est pas surprenant, mais c’est dommage : Gmail perd un peu de ce qui faisait sa force et sa flexibilité.

Pour ma part, cette annonce m’a obligé à repenser ma façon de gérer mes e-mails. Et finalement, c’est une bonne chose : cela m’a permis d’explorer des alternatives plus ouvertes, comme Fastmail, et de reprendre le contrôle sur mes données. C’est un changement contraignant, mais aussi l’occasion de redécouvrir des outils qui respectent davantage l’utilisateur.